Les grades au Kendo

Comment fonctionnent les grades au kendo ?

Le kendo est une discipline extrêmement organisée : sa pratique est généralement contrôlée dans chaque pays par une seule fédération qui reçoit des directives de l’International Kendo Federation (qui est elle-même une émanation de la fédération japonaise, la ZNKR-Zen Nippon Kendo Renmei).

Le kendo a un système de grades divisé en huit dan. Les dan ne peuvent pas être attribués par le dojo : il faut passer un examen face à un jury. Un jury typique pour le passage du premier dan se compose de cinq personnes ou plus, ayant au moins le 4e dan. Souvent, des jurys plus importants sont utilisés pour des grades plus élevés, si on trouve des personnes qualifiées et disponibles. A l’IKF, la responsabilité de l’attribution des grades incombe à chaque organisation nationale, mais chaque membre se doit de reconnaître les grades délivrés par les autres membres.

Des kyu sont attribués aux personnes qui débutent la pratique et aux enfants : on part généralement du 6e kyu pour aller jusqu’au 1er. Les dan, par la suite, commencent du 1er pour aller jusqu’au 8e. Aucune marque de grade n’est portée bien que certaines fédérations donnent de petits morceaux de tissu colorés à coudre sur l’épaule des enfants. On peut atteindre le niveau shodan au bout de deux ou trois ans pour une personne assidue et normalement douée. En Amérique du Nord, l’enseignement responsable d’un dojo doit au moins être 4e dan ; beaucoup sont 5e ou 6e dan.

Des certificats d’aptitude à l’enseignement sont délivrés en plus du grade. Chaque certificat garantit que son détenteur a un âge minimum ainsi qu’un minimum de compétences pour l’enseignement.

Comment s’appellent les grades ?

Kyu du 6e au 1er : rokyu, gokyu, yonkyu, sankyu, nikkyu, ikkyu.

Dan du 1e au 8e : shodan, nidan, sandan, yondan, godan, rokudan, nanadan, hachidan.

Certificats d’enseignants du plus bas au plus élevé : renshi, kyoshi, hanshi.

Comment a évolué le système de grades ?

Le système des grades et des titres a connu une évolution mouvementée ; les grades n’ont pas toujours été ce qu’ils sont aujourd’hui.

Autrefois le Kendo (ou plus exactement le Kenjutsu) était enseigné dans des écoles aux traditions secrètes dont les études des “happy few” étaient sanctionnées par la délivrance par le maître d’un “permis” (Menkyo).

Après la révolution Meiji et l’abrogation du systeme féodal, le Kendo s’est surtout développé dans les écoles de police. En 1885, le ministère de l’intérieur se dotait d’un système de grades du 2e au 8e Kyu. A noter que dès 1883 le Judo mettait en place au Kodokan un système de grades avec dan. En 1895 était créée la premiere Fédération de Kendo: le Butokukai qui accordait aux pratiquants confirmés de chaque école ancienne un diplôme appelé Seirensho. Un premier système de titres comprenant ceux de Hanshi et de Kyoshi était mis en place en 1902. Sous l’influence de la Police et du Kodokan le système de grades avec des Kyu (le Judo restant sur le système des dan) fut adopté. Toutefois en 1908, l’école normale supérieure de Tokyo (Tokyo Koto Shihan Gakko) mettait en place un système de grades en 10 dan et en 1917, le Butokukai se rangeait à l’utilisation de ce système.

Par la suite, en 1927, le Kyudo se dotait à son tour d’un système de grades en 10 dan rejoignant ainsi le Kendo et le Judo. En 1923 le diplome Seirensho était transformé en Renshi donnant au système des titres la forme définitive que nous lui connaissons aujourd’hui.

A l’origine bien que le système des grades comportât 10 dan, aucun grade au-dessus de 6e dan n’était accordé. Toutefois, 10 ans plus tard en 1926, 60 6e dan, 20 7e dan, 5 8e dan et 5 9e dan étaient promus. A cette époque les grands maîtres, comme Takano Sasaburo ou Nakayama Hakudo, issus de l’époque féodale, étaient encore vivants et il semble que la Féderation ait renoncé à leur accorder le grade de 10e dan. Ils étaient des momuments et il était inutile de les “classer”! De sorte que par la suite, on considéra longtemps que le 10e dan était un peu comme la note 20/20 que M.Viala, mon professeur de Francais au lycée, refusait d’accorder sous prétexte que l’on ne donne 20 qu’au Bon Dieu.

Pendant la guerre, en 1942, le titre de Kyoshi fut rebaptisé Tasshi et le système des grades transformé en un nouveau système dont l’inspiration militaire est évidente: il allait du niveau de 5e classe (niveau le plus bas) à celui de 1e classe (niveau le plus élevé). Cette modification devait cependant être éphémère car le nouveau système disparut dans la débacle de la fin de la guerre avec la dissolution du Butokukai en 1945.

Apres la guerre il fallut plusieurs années avant que le Kendo, interdit par l’armée d’occupation américaine, renaisse. En 1950 la Fédération Japonaise des Techniques de Compétitions était créée et définissait un système de grades en 10 dan. La Fédération Japonaise de Kendo (ZNKR) voyait le jour en 1952 et en 1953 elle définissait les règles d’examen pour les passages de Kyu, de Dan et pour les titres. Ces derniers étaient au nombre de 3 : Hanshi, Kyoshi et Renshi au-dessous desquels on trouvait les dan du premier au 5e dan. Le système des titres et des grades était ainsi unifié en un seul système mais ne comprenait pas de grade au-dessus du 5e dan.

Toutefois le Judo avait conservé son système en 10 dan et il fut décidé en 1957 de réintroduire dans le Kendo le même type de système de grades en 10 dan, de sorte qu’aujourd’hui coexistent les titres et les dan.

A cette époque 4 10e dan furent promus. Si mes sources sont exactes la poignée de 10e dan recensés doit donc dater de cette époque. Avec quelques menus aménagements c’est le système qui est parvenu jusqu’à nous et qui fait aujourd’hui l’objet des modifications sensibles ; avec l’abolition des grades de 9 et 10e dan, le titre de Hanshi 8 dan devient de facto le grade (et titre) le plus élevé du nouveau système.

Quels est le système traditionnel de grades ?

Les anciennes écoles (ko-ryu) n’avaient pas de dan qui sont une invention récente. A la place, elles utilisaient des certificats de mérite. En voici quatre qui sont utilisés dans certains systèmes avec leurs significations en français et leurs équivalences approximatives avec les grades modernes. Il faut cependant garder à l’esprit que certaines écoles utilisent des noms différents, que d’autres n’ont pas de grades et que d’autres encore n’ont que deux niveaux, enseignant et étudiant.

  • Oku iri (Initié aux secrets) : enseignant en formation, environ 2e dan.
  • Sho-mokuroku (Inscrit au registre, moitié basse) : enseignant junior, environ 3e ou 4e dan.
  • Go-mokuroku (Inscrit au registre, moitié haute) :enseignant senior, environ 5e dan.
  • Menkyo kaiden (Tout a été appris) : Maître, environ 6e dan.

Comment évalue-t-on les niveaux ?

L’examen est divisé en trois parties : des kata, un kiri-gaeshi (exercice de frappes en diagonale sur le men avec déplacement) et un ji-geiko (combat libre). Pour un niveau inférieur au ikkyu, les kata ne sont pas exigés. Les enfants en dessous du ikkyu effectuent un kakari-geiko (attaques contrôlées) à la place du ji-geiko.

Voici en résumé les grandes lignes des critères d’attribution de quelques grades  en kendo :

Pour le SHO DAN (1e DAN) :

Le Jury s’attache à la réalisation  DU KI-KEN-TAI à travers l’exécution des techniques fondamentales (MEN, KOTE, DO) mais surtout MEN, à une bonne attitude générale (verticalité du corps), aux attaques portées à  la distance ISSOKU ITO no MAI, donc respect de la distance (pointes de shinaï à peine engagées).

Pour le NI DAN  (2e DAN) :

Idem que le Shodan, plus un Kendo PLUS RICHE (utilisation des enchaînements NIDAN UCHI, KOTE-MEN, KOTE-DO etc.) Le jury sera plus attentif à la qualité des frappes, au contrôle du shinaï TE NO UCHI (le travail des poignets), à la vitesse d’exécution, à la vélocité et toujours au respect de la distance.

Pour le SAN DAN  (3e DAN) :

Le Geiko du candidat doit être plus élaboré, sa garde doit être menaçante mais uniquement pour attaquer par une pénétration dans la garde du partenaire. Le principe des attaques doit être le suivant : en plus des attaques fondamentales, il peut y avoir des enchaînements (Nidan Uchi, Nuki Waza : par exemple MEN NUKI  Do, Kaeshi Waza, par exemple MEN KAESHI DO) mais en restant toujours dans la notion d’opportunité. Le KI-KEN-TAI doit être puissant et l’ATTITUDE (physique, vestimentaire, mentale) remarquable.

Pour le YON DAN  (4e DAN) :

C’est un travail de San Dan, plus réfléchi, à partir d’une garde forte et un Kiaï puissant. Le candidat au Yon Dan doit exprimer une certaine force même à travers des phases d’observation et de menace en garde, mais il doit aussi faire preuve de vitesse d’exécution. C’est la grande difficulté de ce grade, car il y a, à  la fois, la maîtrise de soi, la maîtrise de la situation par la menace, la dissuasion et la faculté d’adaptation aux différentes phases de combat. Le Jury appréciera l’efficacité du candidat mais aussi la sobriété de son Kendo. (JCT)

Voici les conditions requises pour le passage de grade  :

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Dans les tachi-kata, les deux kendoka utilisent un long sabre (tachi), alors que pour les kodachi, l’un tient un tachi et l’autre un sabre court (kodachi). A part le nombre de kata, l’examen est le même pour tous les niveaux. Il dure moins d’une demi-heure. Ce qui change, c’est ce que les examinateurs regardent et exigent des candidats au niveau technique.

Voici les compétences associées avec chaque niveau :

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Le rokudan est généralement le niveau le plus élevé pour un amateur. Un nanadan est un enseignant de très haut niveau, habituellement un professionnel (comme un instructeur de police ou un entraîneur universitaire au Japon). Le hachidan est un “surhomme” : chaque année, environ 1500 nanadan essaient de passer l’examen pour obtenir le hachidan au Japon. Environ 2% seulement le réussissent. C’est un examen extrêmement difficile et ceux qui l’obtiennent sont des kendoka très connus comme des champions de tournois.

Vous trouverez une documentation plus complète sur les examens au Shinzen Dojo.